SPPT = Symptomatologie/Syndrome persistant(e) polymorphe après une possible piqûre de tique
Le rapport du Haut conseil de la santé publique (HCSP) de décembre 2014 avait introduit la notion de SPPT (appelé à l’époque sémiologie polymorphe persistante après piqûre de tique) ainsi que la possibilité d’un traitement d’épreuve.
Certaines personnes ayant été potentiellement exposées aux tiques présentent des signes cliniques polymorphes, persistants, généralement diffus, non expliqués, pouvant être invalidants.
Il peut s’agir de patients ayant été antérieurement traités pour une borréliose de Lyme ou de patients n’ayant jamais reçu de traitement pour une borréliose de Lyme.
Dans ce tableau de SPPT, on retrouve la possibilité d’une ancienne piqûre de tique, avec ou sans antécédent d’érythème migrant, et une triade clinique associant plusieurs fois par semaine, depuis plus de 6 mois :
un syndrome poly-algique : douleurs musculo-squelettiques et/ou d’allure neuropathique et/ou céphalées
une fatigue persistante avec réduction des capacités physiques
des plaintes cognitives : troubles de concentration et/ou de l’attention, troubles mnésiques, lenteur d’idéation
On peut retrouver d’autres symptômes :
douleurs musculaires
gène pharyngée
acouphènes
vertiges
labilité émotionnelle
irritabilité
lipothymies positionnelles
syndrome de Raynaud
troubles visuels
troubles urinaires…
Un premier bilan standard doit être effectué afin de rechercher d’autres causes inflammatoires, infectieuses ou non infectieuses.
Si le premier test sérologique est négatif (test Elisa), la prescription d’un test de confirmation, plus spécifique (le Western Blot) reste possible dans le cas du bilan d’un SPPT en centre MVT (maladies vectorielles à tiques).
Après avoir éliminé un autre diagnostic, un traitement d’épreuve DOIT être mis en place :
Doxycycline 200 mg/j pendant 28 jours en 1ère intention ou Azithromycine 1 000mg en dose de charge puis 500 mg/j pendant 15 jours en 2ème intention.
Au terme des quatre semaines d’antibiothérapie, une réévaluation est nécessaire pour discuter une poursuite du traitement.
En cas de réponse au traitement, il faut discuter une poursuite du traitement, le médecin généraliste devant documenter toute antibiothérapie prolongée en se mettant en lien avec un centre de compétence.
La réaction d'HERX
Il faut savoir qu’une antibiothérapie sur une maladie ancienne peut déclencher une réaction de Jarisch-Herxeimer, réaction bien connue avec les spirochètes (mais aussi Fièvre Q, Bartonellose, Trichinose, Typhoide, Brucellose…).
Cette réaction peut se manifester par une augmentation des symptômes habituels, ou bien par des sueurs et frissons, malaise, palpitations, douleurs musculaires et articulaires, céphalées, difficultés de concentration, insomnie, fatigue, anxiété, acouphènes…
Si un érythème migrant nécessite une antibiothérapie immédiate sans réaliser de sérologie, il n’en est pas de même pour une maladie de Lyme (ou un SPPT) qui évolue depuis plusieurs mois ou années.
Un traitement antibiotique précoce sans préparation préalable sur une maladie ancienne a de plus forts risques de déclencher une réaction de Jarisch-Herxeimer. Si c’est le cas, l’évaluation au terme du traitement d’épreuve par antibiotique risque d’être compliquée.
Il est donc judicieux de commencer par préparer le terrain :
corriger les troubles digestifs éventuels
améliorer son alimentation,
rechercher une éventuelle intolérance aux laitages et au gluten en faisant un test d’exclusion
traiter une éventuelle parasitose ou candidose digestive
apprendre à mieux gérer le stress (l’immunité est très liée à l’état psychique)
Parallèlement, un traitement anti infectieux naturel à base de plantes et / ou d’huiles essentielles peut être mis en place.
Dans un second temps, l’antibiothérapie pourra être introduite, sera probablement mieux tolérée, avec des résultats plus probants et plus faciles à évaluer.
Les difficultés et les erreurs de diagnostic
Si le patient consulte un médecin qui ne connait pas la Recommandation publiée par la HAS en juin 2018, le diagnostic posé risque d’être celui d’un trouble somatoforme ou d’une fibromyalgie.
Tous les médecins ne sont pas informés, il faut les aider à prendre connaissance des recommandations de juin 2018 en leur fournissant en particulier la fiche synthétique du SPPT puisque c’est habituellement la situation la plus délicate.
On ne devrait plus rencontrer de situations de déni médical, voire de maltraitance.
Le Ministère des Solidarités et de la Santé recommande de signaler un événement indésirable, ce qui peut être également une non utilisation, par le centre de compétence ou de référence, de la recommandation ou un écart volontaire par rapport à la RBP « Borréliose de Lyme et autres maladies vectorielles à tiques ».
Un dialogue est nécessaire, entre médecin traitant et médecin hospitalier, entre médecins et patient, pour évaluer les différentes stratégies.
Ainsi que cela est recommandé dans le rapport de la HAS de 2013 (Concept, aides destinées aux patients et impact de la « décision médicale partagée »), la décision médicale partagée constitue, au côté des recommandations destinées aux professionnels, un des moyens de mettre en pratique les principes de la médecine fondée sur les preuves (evidence-based medicine), puisqu’elles facilitent un temps d’échange et de délibération entre patient et professionnels de santé où sont prises en compte les données de la science concernant les différentes options disponibles, l’expérience du professionnel et les attentes et préférences du patient.
Les recommandations HAS seront régulièrement actualisées en fonction des données de la recherche jusqu’à aboutir à l’élaboration de recommandations de meilleurs niveaux de preuve.
La recherche doit permettre de comprendre les mécanismes physiopathologiques, d’expliciter les symptômes décrits dans le SPPT, de rechercher les meilleurs schémas thérapeutiques, de développer de nouveaux outils diagnostiques (comme par exemple la recherche du matériel génétique de la bactérie par PCR), de développer des schémas thérapeutiques (antibiothérapie et traitements non anti infectieux, traitements non médicamenteux, immunologie et immuno-modulateurs, antibiothérapie longue versus courte, mono-antibiothérapie ou bi-antibiothérapie, usage d’anti infectieux ou d’autres molécules….).